Pouvez-vous nous raconter votre histoire?
Mes parents venaient de Pologne. Ils ont dû partir de leur pays à cause de l’antisémitisme et de la misère. Ils se sont rencontrés ensuite en 1933 à Paris et se sont mariés. Je suis née en 1935. Ils se sont alors installés dans une maison au Perreux où j’habite encore. A cette époque au Perreux, il y a encore des fermes. Mon père avait alors fait une demande de naturalisation qui a pris du temps, puis avec la guerre, les dossiers n’ont plus été traités. Lorsque la guerre a commencé, beaucoup d’étrangers juifs et non juifs se sont engagés pour défendre la France et défendre la liberté, l’égalité, la laïcité. En 1939 mon père s’est donc engagé volontairement. Il y avait tellement de ces immigrés qui adoraient la France et voulaient la défendre qu’on ne trouvait plus assez de ceinture pour les uniformes. Ils ont dû alors utiliser des cordons. Les allemands pour se moquer d’eux les appelaient le “régiment ficelle”. Mais la guerre a été courte, mon
père a été démobilisé et est rentré à la maison.
J’adorais mon père, tous mes premiers souvenirs sont rattachés à lui. Il m’a appris à nager dans la Marne, à faire du vélo.
Un jour mon père a reçu une lettre d’apparence banale qui lui demandait de se rendre au commissariat (qui était à l’époque à l’emplacement du conservatoire de Nogent actuel). Ma mère a eu peur et lui a demandé de ne pas y aller, mais il avait confiance. Il a dit, “c’est la France”. Malheureusement, c’était un piège. Il a été arrêté et emmené au camp de Beaune la Rolande. Quand il a été blessé, ma mère a pu lui rendre visite à l’infirmerie, et elle lui a demandé d’essayer de se sauver mais il a refusé. Il pensait qu’il risquait juste d’être envoyé pour travailler en Allemagne et craignait les représailles pour nous. J’avais six ans à l’époque et il m’a dit “occupes toi bien de maman”. Il pensait à nous. Mais on n’imaginait pas alors ce qui allait arriver.
Que s’est-il passé pour vous alors ?
A ce moment-là, fin juin 1942, j’ai été confrontée à l’antisémitisme. J’aimais beaucoup l’école et j’y avais beaucoup d’amies. J’avais même reçu le prix de la camaraderie. Mais un jour, on a dû porter l’étoile juive. Je ne voulais pas la mettre et la dame qui l’a cousue était mal à l’aise. Pour me rassurer elle m’a dit “regarde, c’est joli sur ton gilet bleu”. Mais en arrivant à l’école, une fille a dit « regarde, la juive » d’un air méchant. La maîtresse lui a alors répondu « c’est méchant ce que tu as fait » et cela m’a fait du bien. J’ai pensé “la justice est de mon côté”.
Et puis, une nuit, le 16 juillet 1942, on a sonné à la cloche. Je dormais avec ma maman depuis que mon père avait été arrêté. Ma mère allait ouvrir car elle pensait que mon père avait été libéré, lorsqu’elle a aperçu une voiture de police et des Messieurs en civil. Elle était terrorisée, je sentais son cœur battre. Ils ont essayé de défoncer la porte mais n’ont pas réussi. Dès qu’ils sont partis ma mère a pris une valise et on s’est enfuies chez un oncle à Malakoff. On a su par la suite qu’ils étaient revenus avec un serrurier mais heureusement, on était déjà parties. Ce jour-là, on aurait dû être embarquées lors de la rafle du Vel d’hiv et nous aurions été déportées. Les Allemands avaient demandé seulement les adultes, c’est le régime de Vichy qui a aussi envoyé les enfants. Les juifs avaient été nombreux à s’enregistrer auprès des mairies, à porter l’étoile juive car ils sont respectueux des lois. On ne savait pas ce qui allait nous arriver.
On s’est donc retrouvées chez mon oncle qui avait été naturalisé avant 1927 (tous ceux qui avaient été naturalisés après 1927 ont perdus leur naturalisation avec le régime de Vichy). Les adultes ont discuté pour trouver un moyen de sauver les enfants. Nous étions cinq cousins, entre cinq et quatorze ans. Ils nous ont alors envoyé dans une ferme, dans un village où la guerre semblait bien loin, tandis que ma mère est restée à Malakoff. Là-bas, on vivait un peu comme au 19ème siècle, il y avait les vendanges, les ouvriers arrivaient. On allait à l’église. Il y a eu beaucoup d’enfants juifs cachés dans des villages, des couvents, des églises, un ami dans la police venait nous prévenir quand il y avait un danger. Ces gens risquaient leurs vies pour nous sauver, c’était très courageux. Nous sommes restés trois ans dans ce village.
Et après, comment s’est passé votre retour, à la fin de la guerre ?
Lorsque nous sommes rentrées à la maison, elle avait été complètement pillée. Elle avait été réquisitionnée pendant la guerre. Ma mère pensait “quand ton père rentrera, il ne trouvera plus rien”.
Mais il n’est jamais rentré. Dans la dernière lettre que mon père avait envoyée, il lui disait qu’il partait pour une destination inconnue. Et il lui a demandé de m’acheter une bague pour mes treize ans.
Le premier 14 juillet après la guerre, ma mère avait mis un drapeau tricolore pour la France et un drapeau bleu et blanc pour les juifs. Elle m’a dit “maintenant que la guerre est finie, on a le droit d’être juifs”.
Après la guerre, c’était difficile. D’abord, ne plus avoir mon père que j’adorais. Ensuite, on se demandait qui on était, nous les enfants. J’avais un grand-père rabbin, puis on avait dû porter un autre nom, aller à l’église … Le rapport à la religion aussi était différent. Ma mère me disait “il était où Dieu, à Auschwitz ? ”Mais on continuait de faire les grandes fêtes juives. J’ai transmis cela à mes enfants. Mes fils ont fait leur bar mitsva très sérieusement. Et une de mes petites filles a souhaité porter la bague que mon père voulait m’offrir pour sa bat mitsva. Elle m’a dit, “ton père a été persécuté parce que juif, comme cela il sera présent à ma cérémonie”.
Comment cela a-t-il influencé votre vie et votre engagement pour la transmission de la mémoire ?
Je n’ai plus jamais supporté l’injustice et surtout envers les femmes et les enfants. C’est pour cela que je suis devenue assistante sociale.
Ensuite, j’ai voulu témoigner. Le premier témoignage que j’ai fait était dans une classe de mon école, au Perreux, là où enfant, j’avais été traitée de sale juive. Pourquoi s’en est-on pris aux juifs ? Je ne sais pas. Il y a beaucoup d’endoctrinement derrière. Et ce qui se passe aujourd’hui avec la montée de l’antisémitisme me fait peur. On commence toujours par s’en prendre aux juifs, mais l’antisémitisme est le signe que la société va mal. Je m’investis beaucoup auprès des enfants pour leur expliquer. Et puis, on a créé une association des enfants cachés.
Depuis, j’ai aussi une certaine philosophie. Dans les moments difficiles, je me dis “tu aurais pu mourir à sept ans, tout le reste est un cadeau”
Madely
« Micheline a survécu a tellement d’épreuves, elle a eu une vie difficile”
Eloïse
« Elle a survécu à la guerre mais a été séparée de ses parents et ça m’a vraiment touchée”
Téa
« Entendre parler de la guerre par une personne qui l’a vraiment vécue, c’était très émouvant, c’est un témoin direct, on sait que ça s’est vraiment passé. L’histoire de la bague m’a beaucoup touchée »
Hela
« J’ai de la peine qu’elle ait dû quitter sa maison, être séparée de ses parents et qu’elle n’ait pas eu son père à ses côté après la guerre »
Luna
« J’ai été impressionnée par son histoire, aussi de savoir que cela se passait dans ma ville il y a 80 ans. Elle parle de lieux que l’on fréquente comme le conservatoire qui était un commissariat de police. Et aussi elle a gardé une belle vision de la vie”
Colin
« Son témoignage était impressionnant ! elle est
passée tellement près de la mort”
Noam
« J’ai appris beaucoup sur la guerre grâce à elle. C’était méchant qu’on se moque d’elle avec l’étoile juive »
Agathe
« J’ai été émue pendant tout l’interview”
Merci Micheline, pour ce témoignage précieux et poignant
Juste avant Noël, le samedi 19 décembre 2020, nous avons vécu une grande aventure. Monsieur le Maire Jacques J.P. Martin a accepté de nous recevoir pour répondre à toutes les questions que nous nous posions sur lui, son métier de maire et le fonctionnement de notre ville. Nous avons même eu la chance de visiter son bureau et d’essayer son écharpe tricolore (et de vider sa réserve de chocolat… mais chut…)
Quel métier souhaitiez-vous exercer quand vous étiez petit ? Saviez-vous déjà que vous vouliez être maire ? Avez-vous exercé d’autres métiers ?
Je n’ai jamais pensé devenir maire mais j’ai toujours milité dans un parti politique et j’ai toujours été actif dans des associations caritatives solidaires. J’ai aussi été directeur de colonies de vacances, animateur de patronage à la paroisse Saint-Hilaire de Saint- Maur. Mon engagement social et citoyen était d’abord dans des associations avec l’idée de faciliter la vie des gens autour de moi. J’ai étudié au lycée de Nogent depuis la sixième et j’ai suivi toutes mes études à Nogent. Après le bac, j’ai préparé les concours aux grandes écoles pour entrer à deux d’entre elles, pour terminer à Supélec. J’ai ensuite travaillé au centre Recherches Réseaux d’EDF et j’ai enfin rejoint une grande entreprise américaine, leader mondial de la photographie, qui a été très touchée par l’arrivée du numérique, Kodak. Dans cette multinationale, j’ai fait plusieurs métiers, de la production au marketing, en passant par le commercial, la distribution, et membre de la Direction Générale France. J’ai arrêté mon activité en 2000 lorsque je suis devenu maire.
Comment je suis devenu Maire ? Le maire de l’époque appartenait au même parti que moi, le RPR et il m’avait demandé de figurer sur sa liste en 1989 en raison de mon expérience professionnelle. Quand on est maire, on doit exercer tous les métiers. C’est le plus beau métier qui existe car il a pour objectif d’apporter des services, du confort, de la qualité de vie, et de l’empathie à ses concitoyens. Si l’on n’a pas cette conception de la fonction en tête, on n’est pas à sa place.
Comment pourriez-vous décrire votre métier ? Quelles sont vos missions ? Quelles qualités doit-on avoir pour être maire ?
Tu as raison de parler d’un métier. J’ai appris que s’occuper des autres, ce n’est pas écrit dans un livre. Il faut avoir l’aptitude d’écouter ses concitoyens. Oui, le maire doit être à l’écoute des habitants de sa ville. Quand on est maire, on est maire 24 heures sur 24. On peut être réveillé à toute heure. Dès que j’arrive le matin, j’appelle certains services pour savoir ce qui s’est passé dans la nuit. Avec le confinement, il y a eu beaucoup de changements dans la vie des familles, les personnes confinées ont passé plus de temps ensemble et se sont redécouvertes. Mais parfois, cela se passe moins bien et l’on se doit d’être à vos côtés, non pas pour vous sanctionner, mais pour partager et parfois jouer les médiateurs. Quand un parent devient trop autoritaire, que des enfants sont confrontés à la violence, on est là pour les accompagner. Alors, les qualités pour être maire, c’est avant tout la disponibilité et un intérêt pour tous les habitants.
Le maire doit avoir la volonté de s’occuper de tous les habitants de sa ville, dans les bons et mauvais moments. Ce n’est pas juste une écharpe que l’on porte autour de la taille, cela doit rester un détail, un protocole pour la représentation. Ce que fait le maire, c’est le travail quotidien au service de ses concitoyens. On n’est pas maire pour les honneurs, mais pour faire fonctionner une grande maison, la commune de Nogent, avec les élus du conseil municipal et les agents communaux.
Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionne une mairie ?
Le maire a des relais. Il a des adjoints, des directeurs généraux et des chefs de services qui ont différentes fonctions. Par exemple, la Directrice générale adjointe de la famille s’occupe des crèches, des écoles, du périscolaire et du pôle jeunesse. Le service technique fait tourner la collectivité sur le plan technique, la direction culturelle s’occupe par exemple de la scène Watteau, du conservatoire… Chaque semaine, je rencontre tous les directeurs généraux et les adjoints pour évoquer les sujets en cours et aussi parce qu’il est important que les personnes qui travaillent ensemble se connaissent et échangent pour trouver des solutions communes. Si le maire est empêché, il délègue temporairement une compétence pour qu’il y ait toujours “un pilote dans l’avion”. Il y a aussi le conseil municipal où siègent les 28 élus appartenant à la majorité, ils ont été élus avec moi et 11 provenant des autres listes et qui ont obtenu assez de voix pour siéger.
Quelles sont les actions de la Mairie en faveur des enfants de Nogent ?
On est à vos côtés et proches de vos parents dès que vous naissez et que l’on enregistre votre naissance. L’enfance est un secteur très important dans la ville. Nous avons à la maison de la famille des agents qui s’occupent des enfants mais aussi de leurs parents. La ville est responsable des services de la petite enfance à l’école primaire et le périscolaire. Ensuite, le département est responsable du collège et c’est la région qui est responsable de vous au lycée. L’enfant, c’est notre avenir. C’est la solution pour demain !
Pensez-vous que l’école changera après le confinement ? de quelle façon ?
As-tu envie que l’école change ? Non, je ne crois pas. L’école va évoluer par la technologie. Le tableau noir que j’ai connu enfant va progressivement devenir numérique. Elle changera peut-être dans ses modalités horaires, avec par exemple plus de sport l’après-midi. Mais je veillerai à ce que l’école reste la même sur les fondamentaux, lire, écrire, parler. Si on ne maitrise pas la lecture, on n’a pas accès à tout le reste, la culture, la physique, la chimie… Mais l’école, c’est aussi l’école de la République, avec l’idée que l’on est tous égaux, que nous avons les mêmes droits et les mêmes devoirs. Quand j’étais petit, j’avais des leçons d’instruction civique. Il n’y en a plus aujourd’hui mais cela devrait être remplacé par quelque chose qui nous permettrait d’apprendre à respecter les autres et à protéger les plus faibles.
Quelles sont les actions de la Mairie en faveur de l’environnement et du développement durable ?
L’écologie, c’est primordial. Ce n’est pas de la politique mais plutôt l’obligation de respecter la planète et les gens qui y habitent. La terre ne nous appartient pas, nous en sommes juste les locataires. Si on ne la respecte pas, nous en subirons les conséquences sur notre façon de vivre, notre famille, l’emploi, l’économie, notre qualité de vie. A Nogent, dans nos espaces verts, nous n’utilisons pas de pesticides et nous plantons deux arbres à chaque fois qu’un arbre est coupé ou meurt. La restauration scolaire a un cahier des charges très stricte concernant la présence de produits bio et frais et nous luttons contre le gaspillage (opération zéro déchet). Concernant le secteur de l’énergie, je considère que la meilleure énergie, c’est celle que nous ne consommons pas. Dans chacune de nos décisions, nous réfléchissons aux questions de biodiversité et d’écologie. L’éclairage public (par exemple l’éclairage de Noël) fonctionne de plus en plus avec des LED pour économiser l’énergie.
De quelles réalisations êtes-vous le plus fier dans votre métier de Maire de Nogent-sur Marne ?
Je ne me sens pas fier, mais heureux, à chaque fois que je vois que vous vous amusez ou étudiez avec un équipement que nous avons réalisé pour vous. Quand par exemple je vous vois sourire et avoir du plaisir grâce au mur d’escalade au stadium Christian Maudry ! Je pense également au skate Park en cours de réalisation. Concernant, les sports d’eau, je suis également heureux d’avoir milité pour accueillir des athlètes olympiques qui vont venir s’entrainer sur la marne et que nous allons loger à l’hôtel du port… vous les rencontrerez !
Qu’aimez le plus à Nogent sur Marne ?
Tout d’abord, les habitants. Nous avons la chance d’avoir un cadre de vie exceptionnel, avec la Marne, le bois, les parcs, la piscine, la proximité avec Paris et les nombreux transports. Mais tout cela ne serait rien sans les gens qui y habitent, sans vous !
Quel est votre plus grand rêve pour Nogent-sur-Marne ?
Je suis heureux quand les habitants sont heureux d’habiter à Nogent et qu’ils y restent. Je suis triste quand les nogentais quittent la ville, et c’est malheureusement souvent pour des questions financières.
Si vous étiez un personnage historique, qui seriez-vous ?
C’est plus une référence car je n’aurais pas la prétention de me comparer à un personnage historique, mais je pense à De Gaulle car il a eu le courage de dire non à l’envahisseur et réussi, avec nos alliés et nos voisins, à rétablir la paix en Europe. Je pense également à Bonaparte qui a façonné, structuré l’administration de ce pays avec le code Napoléon que l’on applique encore aujourd’hui.
Quels sont vos films et chansons préférés ?
C’est drôle que vous me posiez cette question car mon métier chez Kodak, c’était de fabriquer des films. J’aime beaucoup les acteurs comme Lino Ventura, Jean Gabin, De Funes… Mais j’ai aussi beaucoup aimé Harry Potter, que j’ai lu en anglais, après avoir vu le film. Je n’aime pas les films à l’eau de rose, ni les films violents. J’adore les films policiers, et je préfère quand les bons gagnent à la fin. J’aime surtout quand le cinéma parle de la vie, pas de la mort. Côté chanson, j’aime tout, aussi bien Trenet, que Mariah Carey. Il y a une chanson de Trenet qui parle de “Tous ces braves gens de la Varenne et de Nogent”. Je l’écoutais alors que j’habitais à la Varenne et que je prenais le train à la vieille gare place P. Semart pour aller à Nogent.
Que pourriez-vous conseiller à un enfant qui voudrait devenir Maire ?
Je te demanderais plutôt ce que tu veux devenir toi, avant de devenir maire ? Être maire, c’est le plus beau métier et cela apporte beaucoup de bonheur, c’est vrai, mais aussi de lourdes responsabilités et un fort bénévolat. Ce n’est pas vraiment un métier qui s’apprend à l’école. Il faut être travailleur et polyvalent. Il s’agit plus d’une vocation que d’un métier. C’est faire tous les métiers en même temps avec la vocation de faire quelque chose de bien pour les habitants, faire vivre un grand service public. Je te conseillerais plutôt de bien travailler pour réussir tes études et surtout pour te donner la possibilité de faire le métier que tu voudras, que tu auras choisi. Cela ne t’empêchera pas de mettre ton expérience au service des habitants de ta ville en tant que maire s’ils te choisissent lors des élections municipales.
Eléonore
« C’était tellement grand et impressionnant. Mais après je me suis vite rassurée. J’ai appris plein de choses, et surtout que Monsieur le Maire aimait les chocolats »
Tea
« Au début j’étais très stressée de rencontrer Monsieur le Maire mais dès que j’ai posé mes questions, ça a été. J’en ai parlé à mes amis, ma famille et je me souviendrai longtemps de ce moment »
Noam
« La salle était très belle, j’avais l’impression de rêver. J’avais peur d’oublier ma question. Monsieur le Maire était très gentil et à l’écoute. J’ai adoré porter son écharpe. Et je n’ai pas oublié ma question »
Luna
« Au début j’ai eu très peur, c’est quand même impressionnant de rencontrer Monsieur le Maire. J’ai adoré la visite de son bureau et nous avons aussi eu la chance de visiter un vrai journal, celui de Nogent-sur- Marne »
Merci Monsieur le Maire et son équipe pour leur accueil
et à Celine Valensi pour le reportage photos
Nous avons eu le grand plaisir d’interviewer Emma Courrège thérapeute et artiste nogentaise, qui est aussi la maman de l’une de nos journalistes. Nous nous sommes passionnés pour son métier d’hypnologue même si malgré nos demandes insistantes, elle ne nous a pas hypnotisés. Nous avons appris la différence entre l’hypnose qui soigne et l’hypnose de spectacle. Et Emma nous a démontré qu’on pouvait avoir plein de rêves différents et les réaliser.
Emma, peux-tu nous expliquer ton métier ?
Je suis Hypnologue, c‘est à dire que j‘utilise l‘hypnose pour aider les gens à se sentir mieux. Je m‘intéresse à ce qu‘il y a dans leur tête. Parfois des douleurs dans le corps sont provoquées par des traumatismes. On vient me voir pour résoudre un problème qui revient tout le temps. Par exemple, un sentiment de panique en présence des chiens, la personne ne sait pas expliquer ce comportement qui revient et qui la dérange. Ensemble, nous allons alors essayer de le comprendre et de le résoudre. Cela consiste à entrer dans votre tête pour parler à une zone précise du cerveau que l‘on appelle l‘inconscient. C‘est une zone non palpable, un peu comme les rêves. A ce moment là, on peut vous faire revivre des choses difficiles mais de façon plus douce et apaisée. Ce n‘est pas de l‘hynose spectacle, là l‘idée c‘est d‘aider les gens à aller mieux.
Est-ce que tout le monde peut être hypnotisé et comment se déroule une séance ?
Tout d’abord, il faut que la personne soit 100 % d’accord pour travailler sur le problème qui la préoccupe, puis je vais lui poser des questions. L’hypnose, ce n’est pas de la magie. En pratique, je vais lui raconter une histoire qui va lui permettre de modifier sa perception des choses difficiles qu’elle a à résoudre. On se laisse porter par la rêverie dans un état de conscience modifié, et cela me permet de transmettre un message.
Comment as-tu découvert ce métier ?
Tout d’abord j’avais besoin d’un métier qui me laisse de la liberté et également de pouvoir passer du temps avec mes enfants. Puis, alors que j’étais en vacances, je vois mon oncle qui était un gros fumeur et qui avait complètement arrêté. Il me raconte qu’il avait suivi des séances l’hypnose et qu’il n’a plus eu envie de fumer. J’ai pensé alors que ce métier pouvait sauver des gens et je me suis formée.
Quelles qualités sont nécessaires pour être un bon hypnologue ?
Je pense que pour être un bon thérapeute, il faut une certaine sagesse, un vécu. Et puis il faut aimer les gens et vouloir les aider. Et il faut accepter que ce ne soit pas une science exacte.
Quels sont tes différents métiers ?
J’ai exercé comme professeur des écoles, j’ai été comédienne au théâtre, j’ai eu une émission sur la musique et le cinéma, j’ai été modèle. J’ai joué ma dernière pièce avec Stéphane Plaza qui est un comédien exceptionnel. Le metteur en scène disait que nous étions un peu trop chahuteurs tous les deux mais cela a été une expérience formidable. Mais j’ai arrêté ce métier de comédienne car il ne me permettait pas de passer du temps avec mes enfants.
Malgré tout, aujourd’hui encore dans mon métier de thérapeute, je raconte des histoires pour sortir les gens de leurs problèmes (à la différence qu’on ne m’applaudit pas à la fin de la séance).
Comment es-tu arrivée à la peinture ?
Il y a quelques mois, j’ai pris quelques cours de peinture, et puis je me suis mise à peindre tous les soirs. En quatre mois, j’ai fait des progrès fulgurants et mes toiles ont été exposées à Berlin, Dubai, Miami… Je peins beaucoup de portraits de femmes. Elles expriment souvent ce que j’ai écouté ou ressenti dans la journée, les douleurs exprimées. Chaque toile raconte une histoire profonde qui a une raisonnance chez les gens.
Quels conseils pourrais-tu nous donner ?
Mettez de la passion dans tout ce que vous faites. Ne vous limitez pas, ne vous dites pas qu’il n’y a qu’une seule chose que vous pouvez faire. Vous pouvez tout réussir. Dans chacun de vous il y a du talent, des facilités et du travail qui vont payer.
Merci
Nous avons eu le plaisir de recevoir Martina Mirra, une artiste nogentaise étonnante qui utilise à la fois le dessin et la danse pour exprimer sa créativité. Ses œuvres et ses performances, poétiques et parfois effrayantes trouvent bien leur place dans notre numéro spécial où il est question d’apprendre à apprivoiser ses peurs !!! (Ps : c’est aussi la maman de notre journaliste Tea)
Elle utilise à la fois des matériaux extérieurs (dessin) et intérieurs (son corps) dans sa façon de créer :
Mes activités portent sur le dessin et la performance (danse, mouvement où je me mets en scène). Cela me permet de mettre en image les différents paysages émotionnels qui me traversent.
Sa façon de dessiner est très intuitive :
J’utilise des crayons avec différentes valeurs de gris et de couleurs, en appuyant plus ou moins fort sur la mine et en me laissant porter par la forme qui apparait. Chaque forme donne alors naissance à une autre forme de façon infinie.
Sa formation artistique :
‘J’ai eu une formation transdisciplinaire, qui va du théâtre à la danse et aux arts plastiques. J’ai fait un lycée artistique, je le suis diplômée dans une université d’art (DAMS), discipline théâtre, en Italie. J’ai suivi une multitude d’ateliers sur l’expression corporelle et j’ai poursuivi le master Meef à Paris 8, afin de devenir enseignante d’arts plastiques au collège, qui est mon travail aujourd’hui. Je donne aussi des ateliers pour adultes sur les performances, j’expose des dessins dans certaines galeries, dans lesquelles parfois je réalise des performances. Quand j’étais petite mon rêve était de devenir comédienne ou artiste, j’adorais dessiner des visages avec les clair-obscur et je suivais des ateliers de théâtre. L’art à été toujours été pour moi le moyen le plus beau et le plus puissant pour exprimer ce que je ressens, ce qui m’habite.
Ses performances sont très spectaculaires et parfois effrayantes :
Je mets mon corps en scène pour exprimer les idées de lien, de fusion, de mutation. Le lien, l’attache sont des thèmes importants pour moi. Je suis italienne, peut-être que cette idée de lien, de famille s’exprime dans mes performances. Je n’y avais pas pensé avant.
@martinamirra_dessins
Merci
Nous avons eu le grand plaisir de pouvoir interviewer Madame Roselyne Bachelot lors de son passage à Agora pour la dédicace de son livre, 682 jours, où elle raconte son mandat au ministère de la culture pendant la crise du covid. Elle a bien voulu répondre, avec beaucoup d’humour, à nos questions sur son parcours et sa vocation.
Que conseilleriez-vous à un enfant qui souhaiterait devenir ministre ?
Je lui conseillerais d’abord de faire de la politique. On a la chance d’être dans une démocratie. On croit que tout cela, c’est gagné, de pouvoir avoir une librairie avec des livres, de pouvoir échanger comme on le fait. Mais dîtes-vous bien que les forces de la contrainte, de l’asservissement sont à l’œuvre. Regardez-bien ce qui se passe en Afghanistan, où les femmes sont voilées, où on leur interdit d’aller à l’école, d’exercer un métier. Ce qui se passe en Iran et même aux Etats-Unis où l’on vient contrevenir à la liberté des femmes de disposer de leur identité, de l’intégrité de leur corps. En Ukraine, des petits enfants sont sous les bombes. Tout ce dont on bénéficie n’est pas gagné et mérite d’être défendu. C’est à cela que sert la politique, à défendre nos libertés. Cela mérite que l’on s’engage.
De quoi êtes-vous le plus fière dans vos différentes missions au gouvernement ?
C’est une question très sérieuse. J’ai eu la chance de ne jamais être dans de petits ministères et de mener toujours des politiques très importantes, d’écrire le droit de l’environnement dans la constitution, de faire une profonde réforme du système de santé, de préserver la culture pendant cette période du Covid, mais la chose dont je suis le plus fière c’est de n’avoir jamais renoncé à mes principes, de ne jamais avoir mis mes convictions en berne pour suivre ma carrière et de ne pas avoir hésité à m’opposer aux consignes et aux ordres. C’est un conseil que je vous donne, sauf avec vos parents.
Qu’auriez-vous souhaité mettre en place pendant vos différents mandats de ministres, mais vous n’avez pas encore pu réaliser ?
Plein de choses car les évolutions qui étaient à l’œuvre ont été stoppées par la crise covidaire. Donc j’ai lancé des chantiers mais je ne les ai pas achevés. Mes successeurs les poursuivront. C’est cela la politique, on inaugure les réalisations de ses prédécesseurs et on laisse ses propres réalisations en héritage à ses successeurs
Lequel de vos ministères avez-vous préféré et pourquoi ?
J’ai adoré être ministre des Sports parce qu’on assiste à toutes les compétitions, y compris la désastreuse coupe du monde de football en 2010. Mais être ministre des sports, c’est chouette.
Vous êtes à la fois une femme politique, un écrivain et une animatrice de télévision et radio. Lequel de ces métiers préférez-vous?
Tu sais, moi je déteste être enfermée dans une case. Je crois que c’est ma force, de pouvoir être Docteur en pharmacie, faire des études de physique ou encore de l’humanitaire en Afrique. J’ai fait plein de métiers, eu plein de fonctions. J’aime animer des émissions, et écrire des livres et aussi m’occuper des personnes âgées en organisant par exemple des concerts dans des maisons de retraite pour les personnes atteintes d’Alzheimer. J’aime faire tout à la fois.
Merci
Agora, la librairie qui porte bien son nom. On y passe beaucoup de temps, que l’on vienne chercher des conseils, des idées de lecture, du matériel scolaire, flâner, ou encore rêver devant les belles illustrations. Agora, c’est bien le cœur de notre ville de Nogent !! Nous sommes donc partis à la rencontre de nos libraires pour en savoir plus sur leur métier qui est aussi leur passion. Anne et Jérémy du rayon jeunesse et BD ont répondu à nos questions.
Pouvez-vous nous raconter un peu l’histoire d’Agora ?
Agora est une librairie indépendante. Elle n’appartient pas à une chaîne. Il y a eu plusieurs changements de noms et de propriétaires. Agora s’est aussi appelée « Librairie de la Grande Rue, puis Berthet. Les propriétaires actuels ont choisi de garder ce nom lorsqu’ils ont racheté la librairie. Autrefois, la librairie n’était pas située à cet endroit. Elle a dû déménager ici pour pouvoir s’agrandir. Il n’y avait pas de rayon jeunesse par exemple. Puis, un camion itinérant a commencé à nous concurrencer avec des BD. M. Berthet a alors réagi en ouvrant un rayon BD.
Comment choisissez-vous la vitrine de la librairie ?
Il y a plusieurs inspirations. On suit les saisons, les grandes parutions, les grands anniversaires comme par exemple, les 500 ans de Léonard de Vinci. Mais il y a aussi des choses que l’on ne peut pas prévoir dans l’actualité comme le décès de la Reine d’Angleterre ou celui de Sempé, la guerre en Ukraine…. là, on s’adapte et on fait des vitrines dans l’urgence.
Nous mettons en avant chaque rayon, littérature adulte, jeunesse… Et nous organisons aussi des dédicaces qui sont annoncées sur la devanture. Nous mettons également en avant les livres proposés dans notre club de lecture.
Comment sélectionnez-vous les livres que vous allez mettre en vente?
Les éditeurs nous envoient des représentants qui viennent présenter les nouveautés, ils en font des exposés. Puis nous choisissons ceux qui nous plaisent le plus. Comme Agora est une librairie indépendante, nous sommes libres de choisir nos livres. Normalement, nous ne traitons pas directement avec les auteurs, ce sont les éditeurs qui nous les présentent pour ne pas court-circuiter le système.
Quels sont vos projets pour développer Agora ?
Nous organisons des dédicaces régulièrement et c’est quelque chose que nous avons encore plus envie de développer. Nous organisons également une fois par mois un club de lecture pour discuter ensemble d’une sélection de livre et nous lançons également un club de lecture pour les 15/25 ans. Nous travaillons aussi en collaboration avec le théâtre Antoine Watteau, en suivant l’actualité des pièces qu’ils proposent. Par exemple, si une pièce de Shakespeare est jouée au théâtre, nous allons mettre en avant les livres. Nous travaillons également avec les écoles pour les kermesses ou les livres scolaires.
Comment imaginez-vous Agora dans 10 ans?
Agora devrait s’agrandir, notamment pour avoir plus de place pour le rayon jeunesse et BD/ Manga. Peut-être qu’il y aura deux magasins, un adulte et un jeunesse?
Quelles sont les qualités d’un libraire? Et quelles sont les difficultés auxquelles il est confronté ?
Jérémy : C’est un métier de passion qui demande beaucoup d’implication. Il faut aimer lire et aimer partager, conseiller les gens. On travaille le samedi, le dimanche parfois, et parfois le soir comme lorsque nous avons fait la soirée évènement One piece.
C’est aussi très physique, on a de la manutention, du rangement, on porte des cartons de livres.
Anne : Il ne faut pas avoir peur de beaucoup travailler. Il faut aussi et surtout aimer les gens, et aimer les livres. J’aime rechercher le livre qui correspondra à l’enfant que j’ai en face de moi.
Pourquoi avez-vous choisi de devenir libraire ? Est-ce que c’était un rêve d’enfant ? Quels autres métiers auriez-vous pu exercer ?
Anne : Petite je voulais être fleuriste ou boulangère. Je voulais être commerçante. J’étais une enfant rêveuse qui passait beaucoup de temps au CDI et je piquais des BD dans la bibliothèque de mon père. J’ai toujours aimé cet univers et j’ai la passion des beaux livres pour enfants, les pop-up, les belles illustrations.. Enfant, j’ai gagné un concours de poésie. L’un de mes stages d’étudiante était dans une papèterie. J’ai toujours aimé ces univers.
Jérémy : Il y avait, chez moi, une grande Bédéthèque, j’ai toujours beaucoup lu et après j’aimais partager mes lectures. En tant que libraire, j’aime trouver chez l’enfant ce qui va déclencher l’intérêt pour la lecture, ou réconcilier un adulte avec la lecture. Si je n’étais pas devenu libraire, j’aurais travaillé dans l’univers des jeux de société, mon autre passion.
A ne pas manquer : le lancement du premier club de lecture young adult le vendredi 3 février… N’hésitez pas à en parler autour de vous !
Merci
Monsieur Mathieu Lefèvre est le député élu de la cinquième circonscription du Val de Marne ( Bry, Champigny, Nogent et le Perreux). Il nous a invité à visiter l’Assemblée Nationale et a pris le temps de répondre à nos très (très) nombreuses questions. Il nous a expliqué en quoi consistait son métier et la manière dont les lois sont votées. Le lieu nous a beaucoup fait rêver … en particulier la belle bibliothèque et bien-sûr l’hémicycle. On reviendra un jour pour assister à une vraie séance.
Pourquoi avez-vous choisi de devenir député et quel a été votre parcours pour y arriver ?
J’ai toujours souhaité servir mon pays et être utile à l’intérêt général, sensible à la défense des valeurs de la République mais aussi à la promotion du mérite. Avant de devenir député, j’ai travaillé pour des hommes politiques, comme l’actuel Ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, ou bien le précédent député de la circonscription, Gilles Carrez.
Qu’est-ce que vous appréciez dans votre métier et quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confronté ?
Cette fonction est passionnante car nous tentons, députés, d’apporter des réponses aux problèmes les plus concrets des Français tout en soutenant une politique qui fixe un cap à long terme pour le pays. Parfois, des difficultés se font jour dans la résorption de celles-ci, mais je crois qu’il faut avoir l’humilité de dire à nos administrés que si nous allons tout tenter pour améliorer leur quotidien, nous ne pouvons pas tout.
Quelles femmes politiques vous-ont particulièrement marqué? (notre prochain numéro parle des femmes dans l’histoire, dont Madame Simone Veil)
La politique est hélas un monde encore trop masculin. J’ai pour ma part beaucoup d’admiration pour Christine Lagarde, aujourd’hui à la tête d’une grande institution monétaire et auparavant Ministre des finances dans notre pays. Sa vision, sa connaissance des dossiers, son esprit européen en font un atout majeur pour notre pays.
Quel métier rêviez-vous d’exercer étant enfant?
Tout petit je voulais être océanographe ! Allez savoir pourquoi, j’ai toujours eu la passion du monde marin. J’en garde l’intime conviction qu’il nous appartient – car il est encore temps – de préserver la biodiversité du changement climatique.
Pss : Toi aussi tu peux visiter l’Assemblée Nationale en prenant RDV… n’hésites pas, c’est vraiment passionnant !
Merci
Antoine Dole, c’est le papa de l’une de nos héroïnes préférées, Mortelle Adèle. Merci à lui d’avoir pris le temps de répondre à nos nombreuses questions pour mieux la comprendre. Car, elle nous fait bien rire…. mais pourquoi est-elle aussi « bizarre » ?? attention, scoop….
Comment vous est venue l’idée de créer un personnage aussi hors du commun ou « bizarre » qu’Adèle? Quelle a été votre source d’inspiration ? Une petite fille de votre entourage?
J’ai créé Mortelle Adèle à l’âge de 14 ans. J’étais victime de violences scolaires et j’ai eu besoin de créer un personnage qui me permettrait, par le véhicule que peut être l’imaginaire, de traverser cette situation. C’est pour cette raison qu’Adèle a ce caractère tranché, qu’elle ne se laisse pas marcher sur les pieds et qu’elle ose dire tout haut ce qu’elle pense.
Pourquoi Adèle déteste-t-elle autant les autres enfants ? Et Ajax?
Adèle ne déteste personne, mais elle veut exister sans avoir à faire de concessions sur qui elle est ni sur ce qu’elle ressent, alors cela définit des limites très strictes autour d’elle. Ajax, par exemple, est plus un symbole dans la bande-dessinée, de ce que notre société veut imposer de mignon aux petites filles, et le droit qui est le leur de refuser cela. Quand Adèle repousse Ajax, cela n’a rien à voir avec l’animal, mais ce qu’elle repousse c’est la mignonnerie imposée.
Quelles sont vos sources d’inspirations pour les parents et les autres personnages ? (Miranda, Jade…)
Plusieurs personnages sont inspirés de personnes qui ont composé mon enfance. Par exemple Jade et Miranda étaient deux petites filles avec qui j’étais à l’école en primaire, qui étaient pestes avec les autres enfants. Fizz, c’était mon hamster quand j’étais petit.
J’ai composé l’univers de Mortelle Adèle avec mes souvenirs, le but du jeu étant de créer autour d’Adèle une galerie de personnages qui permettent de mettre en relief sa personnalité, sous différentes facettes.
Est-ce qu’un jour Adèle aura un petit frère ou une petite sœur ? si oui, sera-t-elle gentille avec lui ou elle ?
Ce n’est pas prévu pour le moment 🙂 Les parents d’Adèle ont déjà beaucoup à faire avec elle, et Adèle est une petite fille à la solitude très vivante, son imaginaire rassemble autour d’elle beaucoup de présences, comme Magnus ou Owen le zombie, Lavernia la plante carnivore, etc…
Comment est-ce que vous travaillez ensemble avec Diane le Feyer (écriture/ illustration) ? Est-ce facile de travailler à deux sur une BD?
Avec Diane le Feyer nous travaillons ensemble sur la série depuis 2014, avant j’ai travaillé avec Miss Prickly sur les premiers tomes.
Avec Diane c’est très fluide, et nos imaginaires se répondent facilement, notre humour aussi. Travailler sur une bande-dessinée comme Mortelle Adèle nécessite d’être très alignés l’un envers l’autre, car nous avons une production dense et importante dans la vie de beaucoup de lecteurs. Au point de départ, il y a toujours mes textes, c’est ce qui donne vie en premier à Adèle, puis Diane va traduire les textes en dessins et nous allons travailler ensemble, main dans la main, jusqu’à la page finale.
Est-ce que vous rêviez déjà enfant d’écrire des BD? Est-ce que vous avez créé d’autres BD ?
Enfant j’étais passionné par tout ce qui pouvait provoquer des émotions dans la vie des autres : le dessin, l’écriture, le chant, la musique, la photographie, etc… J’ai toujours su que je voulais y consacrer ma vie, et le reste est une histoire de rencontres et d’opportunités. J’ai beaucoup travaillé pour définir ce que j’avais envie de raconter et comment le faire. Je n’ai pas eu la possibilité de faire d’école pour apprendre, alors j’ai avancé de mon côté, en autodidacte. Depuis, j’ai publié plus d’une centaine de livres, avec différentes séries de bandes-dessinées, mais aussi des mangas, des romans, etc.
Avez-vous exercé d’autres métiers?
J’ai fait un peu de journalisme, j’ai aussi été chroniqueur de jeux vidéo. J’ai fait plusieurs petits boulots alimentaires également, le temps que mes livres trouvent leur public et de pouvoir vivre de l’écriture.
Pourriez-vous être ami avec Adèle?
Adèle m’accompagne depuis que j’ai 14 ans, donc c’est plus que ça : elle est de ma famille.
Est-ce que Adèle voudrait être journaliste comme nous? Sinon, quel métier Adèle voudrait-elle exercer ? (notre prochain numéro du Petit Edison porte sur les métiers dont on rêve )
Je pense qu’Adèle exercerait un métier qui lui permettrait de donner son avis sur le monde et d’avoir un impact dessus. Je la verrais bien devenir écrivaine, journaliste… Ou Présidente de la Galaxie !
Merci
Baptiste Pagani, illustrateur nogentais (et aussi papa de notre journaliste Manon) a participé à l’un de nos ateliers pour nous parler de son beau métier et aussi nous enseigner qu’il faut croire en nos rêves, être persévérant et se donner les moyens de réussir. Il nous a aussi beaucoup appris de choses dans l’univers du Manga.
Avez-vous toujours rêvé être illustrateur? Avez-vous exercé d’autres métiers ?
J’ai toujours su que je voulais faire un métier en rapport avec le dessin, ou les jeux vidéos. J’ai fait des études d’art mais c’est un milieu difficile. Alors pendant environ 10 ans j’ai travaillé dans la publicité, je faisais des story boards. J’ai encore quelques clients dans ce domaine d’ailleurs.
Quels sont vos sources d’inspiration?
Je suis influencé par l’univers du manga. Quand j’étais petit, en France, sont arrivés les premiers dessins animés en provenance du Japon, comme Dragon Ball, Goldorak, les chevaliers du zodiac… Mes dessins sont très colorés comme dans ces dessins animés de mon enfance. Je peux aussi citer Osamu Tezuka, le papa du manga et auteur du roi Léo. Je pense aussi à One piece et le très drôle « Léonard est un génie ». Certains auteurs, comme Riad Sattouf, dans l’arabe du futur ou Les cahiers d’Esther, vont se baser sur la vie réelle. Ils racontent la vie des gens. Aujourd’hui, on a tellement de sources d’inspiration qu’on ne peut pas ne pas être inspiré. On a presque trop de sources d’inspiration.
Quels sont les sujets ou thèmes qui vous intéressent le plus?
Dans mes dessins, j’aime bien montrer que les clichés et les questions de genre, ça mérite d’être remis en question. Je dessine des fille un peu garçon manqué et des garçons un peu féminins. Dans mes BD, les hommes font de la danse. Un personnage n’a pas besoin d’être genré pour être intéressant. La princesse peut être courageuse, elle n’a pas besoin d’attendre qu’un prince vienne la délivrer.
Ensuite, tout peut être source d’inspiration, la musique, le cinéma, la science fiction…L’agilité manuelle, le trait, cela se travaille mais le plus important, c’est le cerveau, l’oeil… c’est ça qui fait tout !
Est-ce que c’est difficile de faire une BD ?
Cela demande beaucoup de travail. Faire une BD de 120 pages m’a pris environ 6 mois. Là je travaille sur le second tome d’Arcade club. Je travaille avec un scénariste pour cette BD, mais pour d’autres, je faisais à la fois le scénario et les dessins. Parfois, on travaille avec des coloristes qui vont s’occuper de mettre nos dessins en couleurs. Lorsque j’ai commencé dans ce métier, je faisais des histoires courtes pour des magazines. On fait ses preuves en travaillant sur de petits formats, L’édition est un milieu assez fermé. Les éditeurs préfèrent travailler avec des personnes qui ont déjà publié. Dans le cas d’Arcade club, c’est la maison d’édition Auzou qui m’a demandé de faire quelque chose dans l’univers des jeux vidéos.
Quels conseils est-ce que vous donneriez à des enfants qui voudraient être illustrateurs ?
Je leur dirais de travailler le plus possible à l’école sans négliger aucune matière pour s’ouvrir le maximum de portes, être capable de faire autre chose si jamais cela ne marchait pas car les métiers artistiques ne sont pas faciles. Mais il faut s’accrocher car on peut tout à fait faire le métier dont on rêve.
Merci
Elisabeth Richard réalise des courts métrages sur les sujets qui lui tiennent à cœur. Comme elle est nogentaise, elle est venue en voisine participer à l’un de nos ateliers pour répondre à nos questions sur son parcours mais également pour nous donner un petit cours de créativité…
Quelle élève étiez-vous quand vous étiez petite ?
J’ai été une bonne élève jusqu’au collège. Ensuite, au collège , j’ai été victime de harcèlement. J’étais dans une école à la campagne, il fallait être tous pareils, il y avait des clans, mais moi j’étais un peu différente. Je ne m’habillais pas avec des habits de marques, par exemple. J’ai préféré redoubler et changer d’établissement pour aller dans une école un peu plus artiste où je me suis sentie plus à mon aise. J’ai découvert un univers artistique qui m’a beaucoup plu. C’est pour cela que j’ai réalisé un film sur le harcèlement, pour dénoncer la méchanceté que j’avais subie.
Quels sont les sujets ou thèmes qui vous intéressent le plus ?
Dans mes films, j’essaie de dénoncer quelque chose, de parler de ceux que l’on ne regarde pas. Je fais des petits films mais ils peuvent mener à de grandes discussions, lorsqu’ils sont projetés.
J’ai fait des films sur des sujets comme les violences conjugales ou l’analphabétisme.
Est-ce que c’est difficile de tourner un film ? Comment vous préparez-vous ?
Il faut beaucoup de temps pour se préparer, parfois des mois. On dois trouver de l’argent pour financer le film, une équipe disponible au moment prévu, des décors, des accessoires, des costumes… tout cela prend beaucoup de temps de préparation car tout doit être prêt le jour J. Quand arrive le jour du tournage, c’est presque un soulagement.
Pourquoi votre film s’appelle le Bonbon, et quel message souhaitez-vous faire passer avec ce court métrage ?
Un jour, dans le métro, un SDF m’a gentiment donné un bonbon. Cela m’a touchée car il n’avait rien, mais il a quand même voulu offrir quelque chose. C’est une personne que l’on ne regarde pas et qui a quand même voulu offrir quelque chose de lui. Puis j’ai eu l’idée d’un objet qui passe de main en main et j’ai alors repensé à ce bonbon. Cela a pris son sens après-coup.
A noter : son court-métrage « En plein cœur » a remporté le prix du meilleur film et de la meilleure photographie dernièrement au festival « Toi femmes »
Merci
Dans l’atelier de Karpop, il y a de la couleurs partout, jusque sur sa table de travail qui ressemble elle-aussi à une vraie œuvre d’art. Karpop a ouvert ses tiroirs secrets pour nous montrer ses peintures et ses boites de paillettes. Elle nous a aussi fait voyager dans l’histoire du pop art. Et également appris qu’il faut avoir confiance et croire en soi pour faire le métier de ses rêves.
Avez-vous toujours rêvé être peintre et artiste plasticienne ? Avez-vous exercé d’autres métiers ?
Petite, je souhaitais faire un métier où je pourrais m’occuper des autres. Puis j’ai travaillé longtemps avec mon père dans l’univers de la communication. Je créais des tableaux pour moi mais je ne pensais pas pouvoir en faire mon métier, je ne me voyais pas comme une artiste. Puis, un jour, j’ai vendu deux toiles et j’ai pensé que je pouvais en vivre, et faire ce métier dont je rêvais. Cela a été un électrochoc ; ça a tout de suite marché et j’ai ensuite eu la chance de pouvoir rapidement être exposée à New-York. Cela a tout lancé.
Quels sont vos sources d’inspiration?
J’ai plusieurs sources d’inspiration : New-York, Tel-Aviv et Marvel. Dans mes tableaux, on retrouve beaucoup d’éléments issus de ces univers avec cet esprit pop art qui me caractérise. Je mets dans mes tableaux tout ce que j’aime, des couleurs, des paillettes… Dans ce tableau par exemple, une boite de conserve Campbell’s explose en un million de paillettes.
Je suis aussi bien évidemment inspirée par les grands artistes pop art comme Andy Warhol, Keith Haring, Roy Lichtenstein…
Basquiat fait parti de ces artistes qui ont inventé quelque chose et m’ont donné envie d’en faire mon métier. Je pense aussi aux fleurs de Murakami que j’aime bien représenter dans mes tableaux.
Quels sont les éléments que l’on retrouve le plus dans vos œuvres ?
Si vous observez bien mes tableaux, il y a un petit élément que vous retrouverez à chaque fois, caché quelque part. C’est l’image d’une petite fille avec une loupe. Cette petite fille c’est moi, qui observe le monde à la loupe pour en voir les moindres détails, c’est mon regard sur le monde. Ensuite, il y a souvent des cœurs qui se baladent, des « love » pour envoyer de l’amour. On retrouve aussi beaucoup de marques car c’est le propre du pop art, Chanel, Campbell’s…. Et aussi des building.
Et quelles sont vos couleurs préférées ?
J’adore le jaune fluo, le bleu acrylique, le rose fluo, le bleu ciel, le orange fluo. Toutes les couleurs vives et fluo. J’aime aussi beaucoup travailler la matière, mettre du relief, des paillettes.
Comment travaillez-vous pour vos compositions ?
J’ai de nombreux classeurs classés par thèmes avec des images découpées un peu partout. Lorsque je commence un tableau je pioche dans mes classeurs et je dessine un univers.
L’atelier de Karpop se trouve 314 rue Saint-Honoré 75001 Paris
https://karpop.com/
Merci
Depuis que nous sommes petits, nous passons très souvent devant la galerie Christian Crozet et nous sommes attirés par les magnifiques couleurs des toiles de Vottoretti. Alors nous avons eu l’idée de pousser, pour la première fois, la porte de la galerie pour interroger l’artiste sur son métier et son art.
Quel métier souhaitiez-vous exercer quand vous étiez petit ? Saviez-vous déjà que vous vouliez être maire ? Avez-vous exercé d’autres métiers ?
Je ne voulais pas être peintre, mais artiste. J’adorais les comédies musicales, chanter, danser… J’ai fait plein de métiers. Puis quand j’ai eu mon fils, qui est né prématuré, je me suis remise à peindre. La peinture, c’est le seul métier qui m’a canalisée.
Est-ce que Vittoretti est votre nom ou un pseudonyme ?
Vittoreti est le nom de ma grand-mère. C’est un nom mixte ce qui est bien car ce milieu peut être difficile pour les femmes.
Dans quelle pièce peignez-vous ? Pouvez-vous nous décrire votre atelier ?
J’ai commencé à peindre devant la chaminée, dans une pièce de la maison. Puis, j’ai eu une pièce à moi qui se trouve derrière la galerie. Dans mon atelier, il y a deux photos. Une de Kandinsky et une de Miro, mes deux maîtres, qui se regardent. Kandinsky me dit : « Attention, ne fais pasn’importe quoi ! ». Miro au contraire me dit : « Vas-y, fonces ».
Qu’est-ce qui est le plus difficile dans le métier de peintre ?
Le plus difficile pour moi, c’est de promouvoir mon travail, de parler de mes oeuvres. C’est très difficile de se vendre, ce n’est pas la partie que je préfère.
Comment trouvez-vous votre inspiration ?
Tout m’inspire, tout est observation. Je passe mon temps à observer, ingurgiter. Je vais au cinéma, au théâtre, au musée, je lis. Un paysage peut être inspirant. Et un jour, tout cela va sortir dans une création. Je recherche un émerveillement. Quand je trace mes dessins, je rentre en méditation mentale. Je raconte une histoire. Puis, lorsque je mets les couleurs, je ne suis plus en méditation mais en lâcher prise. Dans ces toiles que vous voyez, il y a de l’aquarelle, du pastel gras. Je fais aussi des mélanges de pigments.
Quel enfant étiez-vous à l’école ?
J’étais une enfant qui ne rentrait pas dans le cadre. Je comprenais vite, mais je ne rentrais pas dans le moule. J’étais une élève perturbée et perturbante. J’ai arrêté mes études, puis je les ai reprises un peu plus tard. J’adorais les sciences naturelles et la philosophie.
Que pensez-vous de la façon que l’on a d’apprendre l’art aux écoliers en France ?
C’est un veste sujet. On apprend beaucoup de choses en Franceà l’école, mais il n’y a pas assez de place pour l’apprentissage de l’art. C’est dommage car, par l’art, on peut apprendre beaucoup de choses. En Angleterre par exemple, l’après-midi on n’a pas classe mais on peut se consacrer à la culture et aux arts.
Le numéro 2 du Petit Edison parle de l’école. Comment imagineriez-vous votre école de rêve ?
Si j’étais une maîtresse, je commencerais par accueillir chaque enfant de façon spéciale, avec un check ou un bisou. Ensuite, je ferais une demi heure de méditation, ou du Qi Qong. On apprendrait le respect, et le bien vivre ensemble, un peu comme dans une école Montessori.
J’essaierais d’apprendre aux enfants à reconnaître leur différence, à la travailler. Si tu as besoin de bouger pour bien travailler, tu devrais avoir le droit de la faire. Il n’y aurait pas de punition mais de la méditation pour comprendre ce que tu as fait. Ce serait des punitions intelligentes. On apprendrait surtout l’empathie.
Nous allons jouer au jeu du portrait chinois. Si vous étirez un personnage vivant ou imaginaire, qui seriez-vous ?
Harry Potter ou plutôt Hermione. Je serai un magicien. Aussi un personnage qui diffuse l’amour et la compassion, Amma
Si vous étiez une couleur ?
Une seule ? Le bleu Klein. Ou alors j’aimerais inventer une couleur.
Si vous étiez un animal ?
C’est pareil, j’aurais du mal à n’en choisir qu’un. Ce serait un cheval pour pouvoir vous porter très loin, un chat pour ronronner près du coeur, un chien qui vous protège et vous suit partout. Pourquoi pas aussi un oiseau ou une chouette.
Si vous étiez un paysage ?
Ce serait le Périgord car c’est mon pays. On y trouve des lacs, des grottes. C’est très vert et vallonné. C’est mon chez moi.
Si vous étiez une musique ?
Là, je n’hésite pas, ce serait une musique de Mozart.
Alba
« J’ai bien amé le fait de peindre avec différentes matières, sur différents supports »
Tea
« J’ai beaucoup aimé les peintures car les couleurs que Vitto utilise sont belles et vont bien ensemble et elle a un joli este quand elle dessine »
Luna
« Les peintures sont magnifiques car elles sont créatives et colorées. En plus, elle peint sur différentes matières et supports. Et Beauxarts, le chien, est très mignon »
Noam
« Les peintures de Vitto Vittoretti sont merveilleuses, elles me touchent beaucoup »
Madely
« J’ai beaucoup aimé les statues dorées exposées, le livre dédicacé et le chien »
Merci à Vittoretti et Christian Crozet (sans oublier Beauxarts) pour leur accueil chaleureux
D’où vous vient votre inspiration lorsque vous écrivez ? Est-ce que vous vous servez des personnes que vous connaissez, que vous rencontrez ou de votre propre histoire pour inventer des histoires ?
Je m’inspire de la réalité, je fais feu de tout bois. Je ne suis pas quelqu’un qui a une imagination débordante et qui peut inventer des univers. Mon point de départ, c’est toujours quelque chose que j’ai vu chez quelqu’un, quelque chose dont j’ai été témoin. Tous les sujets peuvent m’intéresser. J’aime traiter les histoires vraies ou l’histoire avec un grand H. Pour Momo, petit prince des bleuets, je me suis inspirée d’un petit garçon de sixième que j’avais croisé dans une bibliothèque à Bobigny. Il me posait des questions et m’avait demandé d’écrire sur lui. Je ne l’ai jamais revu et il n’a sûrement jamais su qu’il m’avait inspiré ce personnage. Plusieurs de mes livres parlent de la seconde guerre mondiale et je me suis inspirée de personnes qui ont vraiment existé. Pour la série Royal Special School, mes personnages sont inventés.
Quels sont les écrivains ou romanciers que vous aimez le plus ? Et ceux qui vous inspirent le plus ?
Je suis une très grande lectrice, il y a beaucoup d’écrivains que j’aime. Avant d’écrire, il faut beaucoup lire. Mais quand je veux traiter d’un sujet qui existe déjà, j’essaie de ne pas m’inspirer des livres que j’aime.
Comment en êtes-vous venue à l’écriture ?
J’ai toujours écrit je crois. J’ai toujours aimé cela mais, enfant, je ne pensais pas en faire mon métier. Car quand je pensais à un écrivain, pour moi, c’était Victor Hugo. J’ai toujours eu envie d’écrire mais sans vraiment penser que j’allais devenir un écrivain. Mon rêve, c’était plutôt de devenir libraire ou encore avocate.
Pourquoi avez-vous choisi d’écrire des histoires pour les enfants ?
Je n’ai pas vraiment choisi d’écrire pour les enfants, cela s’est fait un peu par hasard. Pour mon premier roman, Un grand père tombé du ciel, j’ai gagné un concours de roman jeunesse. J’ai adoré cela et c’est comme ça que ça a commencé.
Ecrivez-vous aussi pour les adultes ?
Il m’arrive d’écrire pour les adultes. J’ai écrit par exemple, “souviens-toi Léa” ou encore mon dernier roman qui est sur le point de sortir. Il traitera d’une histoire ancienne qui s’est passée dans l’Océan Indien, d’un peuple qui a été expulsé pour créer une base anglo-américaine.
Pourquoi est-ce que les livres de Momo sont si tristes ? Pourquoi vos livres parlent-ils souvent de sujets mélancoliques ?
Je ne me dis pas que je vais écrire une histoire triste ou gaie. J’écris sur quelque chose de vrai, je colle à la réalité, qui peut être parfois triste ou gaie. Mes histoires ne sont pas des contes de fées, qui se terminent par “ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants”. Mes histoires ressemblent à la vraie vie. Et dans la vie, il y a des moments où l’on perd des proches. Dans le tome 1 de « Momo petit prince des Bleuets », Monsieur Edouard est très âgé et malade. C’est donc dans l’ordre des choses qu’il disparaisse. Je ne vais pas le faire revivre d’un coup de baguette magique. Un livre doit aussi procurer des émotions, faire réfléchir. Moi, quand je lis un livre, j’aime ressentir des choses, ou me poser des questions.
Lorsque vous écrivez des livres en duo, comment est-ce que vous vous organisez pour travailler ensemble ?
Dans Royal Special School que nous écrivons à deux, nous avons chacun un personnage. Je suis Rose et Nancy est Virginia. Nous écrivons un chapitre à tour de rôle et nous nous les envoyons. J’ai par exemple écrit le premier chapitre, et Nancy le deuxième.
Est-ce que vous faites aussi des livres illustrés ? Si non, pourquoi ?
Non, il y a très peu d’illustrations dans mes romans car j’écris pour les cm et les collégiens. Quand on ne sait pas encore bien lire, on a besoin des illustrations, puis en grandissant, on peut s’en passer. Cela permet de laisser une place à l’imagination, cela donne de la liberté.
Est- ce que vous inventez des histoires pour vos enfants et petits-enfants ?
Mes enfants sont un peu grands maintenant, mais j’ai cinq petits-enfants et souvent je leur raconte ce que je suis en train d’écrire. Je ne leur raconte pas de contes de fées en revanche.
Quelles qualités doit-on avoir pour être un bon romancier ?
Il faut de la passion et de la patience car cela prend du temps. Après avoir écrit, on doit relire, corriger, envoyer à un éditeur. C’est un métier artistique, les personnes qui font ce métier sont animées par de la passion, comme également les dessinateurs, les illustrateurs, les peintres…
Est-ce que c’est difficile et long d’écrire un roman ? Combien de temps cela prend pour écrire un livre ?
Cela dépend. Si j’ai choisi ce métier, c’est parce que c’était facile pour moi, sinon ce serait trop fastidieux. Concernant le temps, c’est une question à laquelle je ne peux pas répondre car l’écriture, c’est un temps qui ne se mesure pas. Moi j’écris beaucoup, trois, quatre heures par jour. Parfois, je peux aussi garder très longtemps en tête une idée avant d’écrire l’histoire. Quand on aime écrire, on ne se pose pas la question du temps.
Est-ce que, comme Momo, vous avez appris tous les mots de la langue française et lu tous les livres classiques pour devenir écrivain ?
J’ai lu tous les livres dont parle Momo, mais je ne connais pas tous les mots de la langue française. En revanche, j’adore découvrir de nouveaux mots. Dans “Suivez-moi jeune homme”, je me suis amusée à placer des mots de la langue française qui sont peu utilisés.
Est-ce que vous aimez votre métier et pourquoi ?
On ne fait pas un métier artistique sans l’aimer, il faut avoir de la passion et de la chance pour pouvoir faire de sa passion son métier.
Quels conseils pourriez-vous donner à un enfant qui voudrait devenir écrivain ?
C’est très difficile de répondre à cette question. Si tu voulais faire médecine, je te dirais de t’inscrire à une formation de médecin. Mais des études pour être écrivain, cela n’existe pas. Il faut d’abord lire beaucoup, se nourrir de la littérature, s’approprier les textes des autres. Puis, il faut travailler son style, sa syntaxe, enrichir son vocabulaire. Enfin, il faut de la patience, et écrire beaucoup. La plupart des écrivains ne vivent pas de l’écriture, ils ont un deuxième métier. Ils sont parfois professeur à l’école, documentaliste… Puis, si cela marche, ils peuvent abandonner leur premier métier.
Moi, pour écrire il faut que j’aime une histoire. Je commence toujours sur un petit cahier car cela représente un espace de création, davantage qu’un ordinateur. On “tape” un texte, on ne l’écrit pas. C’est un peu violent. Les premiers mots d’un roman ne poussent jamais sur un ordinateur. J’ai toujours un carnet sur moi. Le plus difficile dans l’écriture, c’est la fin. Je n’ai jamais la fin en tête quand je commence un roman. Dans un roman, tout est permis, on peut tout imaginer, mais il faut faire attention à ne pas perdre le lien avec la réalité. Quand on a une idée, il faut la garder en tête longtemps, y réfléchir. Si tu l’oublies, c’est qu’elle n’était pas si intéressante.
Merci à Yaël Hassan pour ses précieux conseils et sa gentillesse
et également au Théâtre Antoine Watteau qui nous a accueilli pour cette interview
S’il y a bien une boutique que l’on aime et que l’on connaît bien à Nogent-sur-Marne, c’est le magasin de jouets Angélique. Nous avons eu envie d’aller à la rencontre de ses propriétaires pour parler de leur beau métier. Et puis, à l’approche de Noël, choisir le bon jouet est primordial !
Pouvez-vous nous raconter l’histoire d’Angélique ?
La boutique a fêté ses 30 ans le 6 novembre. Elle s’appelle Angélique car je m’appelle Angéla, j’ai un prénom italien car ce sont mes origines, je l’ai transformé en Angélique. Je n’avais jamais imaginé faire ce métier, ce sont un peu les hasards de la vie. C’est une société familiale que nous gérons entre sœurs et avec mon neveu.
Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre métier ?
Nous aimons le contact avec les gens et surtout les enfants. On aime rechercher ce qui va vous faire plaisir, trouver les jouets que vous aimez. On a vu une génération d’enfants grandir, et maintenant ils sont devenus parents et reviennent chez Angélique avec leurs enfants.
Comment est-ce que vous choisissez les jouets que vous aller proposer ?
Nous avons des représentants des grandes marques qui viennent nous présenter des jouets et nous leur faisons confiance. Puis on est à votre écoute car les enfants d’aujourd’hui savent davantage ce qu’ils veulent. Ils arrivent avec des listes !
Qu’est-ce qui est le plus difficile dans votre métier ?
C’est un métier avec beaucoup d’incertitudes. On ne sait jamais de quoi demain sera fait. Il demande beaucoup de temps et de patience. On ne prend pas beaucoup de vacances. Il faut savoir trouver le jouet qui vous plaira, bien le présenter, vous conseiller… Le métier a beaucoup évolué aussi, avec internet et les grandes surfaces. Nous, nous ne pouvons pas proposer les mêmes prix, mais nous apportons un conseil, un lien, quelque chose d’humain.
Parfois aussi, ce qui est difficile c’est d’avoir au bon moment le jouet qui vous plaira. S’il arrive trop tard, vous avez déjà envie d’autre chose et il ne se vendra pas.
Quels sont les jouets qui plaisent le plus aux enfants ?
Les collections Pat’ Patrouille, Harry potter, les légos. Bien-sûr les Pokemon, aussi bien pour les enfants que les adultes. Malheureusement, les adultes les achètent pour spéculer au détriment des enfants. En 1985, je vendais déjà des Pokemon !
Il y a aussi des jouets qui reviennent à la mode comme les Sylvanian, Polly Pocket…
Lorsque vous écrivez des livres en duo, comment est-ce que vous vous organisez pour travailler ensemble ?
Dans Royal Special School que nous écrivons à deux, nous avons chacun un personnage. Je suis Rose et Nancy est Virginia. Nous écrivons un chapitre à tour de rôle et nous nous les envoyons. J’ai par exemple écrit le premier chapitre, et Nancy le deuxième.
Est-ce que vous faites aussi des livres illustrés ? Si non, pourquoi ?
Non, il y a très peu d’illustrations dans mes romans car j’écris pour les cm et les collégiens. Quand on ne sait pas encore bien lire, on a besoin des illustrations, puis en grandissant, on peut s’en passer. Cela permet de laisser une place à l’imagination, cela donne de la liberté.
Est- ce que vous inventez des histoires pour vos enfants et petits-enfants ?
Mes enfants sont un peu grands maintenant, mais j’ai cinq petits-enfants et souvent je leur raconte ce que je suis en train d’écrire. Je ne leur raconte pas de contes de fées en revanche.
Merci Angéla, Maria, Maxence Cancilleri et Gisèle Neil pour leur super accueil et leurs explications